Comment
surmonter le blues de la rentrée ?
LE MONDE | 01.09.2016 Par Marlène
Duretz
Les pieds traînent,
entre nonchalance et résistance, et les mines hâlées font la moue. Après cette
trêve estivale, enfants comme adultes doivent faire leur rentrée.
Chacun s’est défait du ronron du quotidien. Pas facile d’accepter de tourner le dos à ce grisant vent de liberté des congés d’été. « La
rentrée est souvent difficile », admet Patrick Amar, psychologue
et directeur de la société de
conseil en santé et performance au travail, Axis Mundi, et coauteur
avec Silvia André de J’arrête de stresser (Eyrolles,
2013). Après un changement de repères et de rythmes, « c’est dans
la suite des choses que ce retour à l’ordre réserve son lot de facteurs
stressants et débouche sur une petite déprime passagère ». Mais,
nulle crainte, « on s’en remet chaque année ! »,
relativise M. Amar.
ET SI ON NE PARTAIT PLUS EN VACANCES ?
Cet incontournable « sas de
décompression » n’enlève en rien les bienfaits des vacances. « On
a souvent une perception erronée, notamment sur le fait qu’on se sente fatigué
en rentrant ; en général, on ressort reposé de ses vacances, aéré aussi,
avec des apports de créativité et de perspectives nouvelles », observe
M. Amar. Mais « certains, pour ne pas avoir à vivre le déplaisir
d’une chose, ne la vivent pas », explique le psychologue et coach de
dirigeants, citant le workaholic, ce bourreau de travail,
qui vit son retour de congés d’autant plus facilement qu’il n’est pas parti ou
très peu, ou encore parce qu’il n’a pas faussé compagnie à son smartphone en
prise directe, jour et nuit, avec son activité professionnelle.
D’autres – nombreux ! –
planifient leurs prochaines vacances, à peine un pied au bureau. « On
profite ainsi encore mieux de ses vacances parce qu’on vit dans l’anticipation
et notamment des bonheurs à venir », observe M. Amar.
« Le danger,
c’est que notre vie quotidienne devienne un mauvais moment à passer entre deux
départs en vacances. Il faut garder à l’esprit
qu’il y a de forts enjeux de développement, de
croissance, de socialisation entre deux périodes de vacances ! Ne vivre
qu’à travers les vacances est un signal d’alarme signalant qu’il faut changer quelque chose
dans sa vie. »
QUELS CONSEILS POUR NE PAS DÉPRIMER ?
Pour échapper au blues, ou
ne pas y succomber trop
longtemps, il convient avant tout de puiser dans les
solutions – personnelles – qui ont été éprouvées les années passées et qui ont
fonctionné pour se remettre dans le
rythme et recouvrer sa
dynamique. En règle générale, « il importe de s’inscrire dans
l’action pour dissiper cette
déprime », préconise le psychologue, car « la
déprime prospère sur la procrastination ». Mais inutile de précipiter les
choses.
« Il faut amorcer la pompe
graduellement, très graduellement, et se fixer des objectifs
très modestes le premier jour, voire la première semaine de travail, lorsque
cela est possible. Ces petites avancées, simples, modestes et réalistes, ont
une vertu essentielle, celle de réamorcer la pompe
tout en donnant un sentiment d’accomplissement qui va venir dissiper ce
blues de rentrée. »
Autre grand classique de la fin
août : le retour des problèmes et autres interrogations que l’on avait mis
de côté pendant les congés. « La rentrée s’accompagne, souvent
avant la reprise, d’une anticipation anxieuse de ce qu’on va retrouver (ou devoir affronter) au travail ou
dans sa vie personnelle. »
Comment éviter de céder à la
panique ? « Il faut hiérarchiser les
priorités et ne pas se laisser submerger par tout ce
qu’il y a à faire en rentrant. Il faut aller puiser dans les
bienfaits des retours de vacances, tels que celui de retrouver le confort de sa
maison, ou le plaisir d’une pratique sportive, recommande Patrick Amar. Penser,
aussi, à refaire le lien avec ses sources de soutien social (famille,
amis, voisins, collègues). Et surtout sortir de cette
pensée dichotomique selon laquelle lorsque je travaille, je ne m’amuse
pas : pourquoi ne pas injecter du plaisir
dans son quotidien en conservant à l’esprit des choses plaisantes que l’on a
réalisées pendant ses vacances, ou encore pérenniser les
résolutions et projets débutés en congés ? Ce moment de retour est propice
pour introduire des
changements à dose homéopathique. Tenir une résolution
et pas dix, c’est largement suffisant comme programme de rentrée ! »